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Le jardin d'un centre de soins

  • Photo du rédacteur: Christopher Sebaoun
    Christopher Sebaoun
  • 28 févr. 2019
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 avr. 2019

Il s'agit ici d'un jardin un peu spécial, comme doivent l'être tous les jardins.

J'ai conçu celui-ci autour du Centre Synergie à Pau, un genre de maison de santé des médecines alternatives (ostéopathie, acupuncture, thérapies comportementales, médecine chinoise, hypnologue, cours de Chi Gong...).

Au début, je m'occupais de seulement gérer la pousse de la végétation spontanée autour du centre, ce qui m'a permis de faire connaissance en profondeur avec le lieu.

Celui-ci se situe dans une zone artisanale privilégiée, logée dans un écrin de nature que longe la rocade paloise.

Le bâtiment, de forme ovoïde et tronqué, aurait été conçu et agencé selon les préceptes du Feng shui.


Le terrain quant à lui, est réparti entre un grand parking au Nord, deux bandes de terre assez fines longeant le bâtiment de part et d'autre en Est et en Ouest, et un espace de détente s'étendant au Sud du bâtiment, d'autant plus intéressant car il ouvre la vue, au loin sur la splendide chaîne pyrénéenne et, en second plan, sur une très belle friche colonisée notamment par les Trembles et par toute une végétation typique du "Tiers Paysage" tel que théorisé par Gilles Clément, avec une biodiversité très riche et qu'il aurait été fort intéressant de sculpter si mon client avait pu l'acquérir.


Je préservais donc jusqu'à maturation et libération de leurs graines, un certain nombre de plantes spontanées à floraison intéressante ou présentant un intérêt particulier - ce qui reste très subjectif je vous l'accorde - comme le Millepertuis officinal et la Verveine officinale, la Reine des Prés, la Vesce commune fixatrice d'Azote (...).

Puis un jour vint le temps des aménagements extérieurs.

On me demanda en priorité de réaliser une terrasse carrée en "bois composite" - souvent, les gens partent vers le composite, un produit ni durable ni propre, mélange de résidus de bois et de résidus de résines plastiques de dont le succès tient uniquement aux nombreuses campagnes de marketing dont le produit fait l'objet - à installer dans le prolongement de la salle collective, afin de pouvoir extérioriser les cours de Chi Gong à la belle saison.

Je pris bien note des demandes et me posai dans le jardin pour en humer encore l'air au plus profond, comme pour en emporter quelques effluves qui m'accompagneraient dans les phases de prise de parti et de conception.


De retour à mon domicile, que je partageais alors avec un ami charpentier, je lui confiais le compte-rendu de ma réunion de fin de journée. Pour le choix de la matière, je savais qu'on tomberait d'accord : il fallait convaincre le client de revenir au bois. Un bois adapté à la région, d'une bonne stabilité et par-dessus tout, issu de forêts gérées raisonnablement, cultivées dans des latitudes assez proches. Mon choix se porte généralement sur le Mélèze de Sibérie, cultivé à la frontière Finlandaise, face à la difficulté de trouver d'autres essences de classe IV comme le Robinier ou le Châtaigner, dans des ratios de largeurs/épaisseurs correctes et à des prix praticables.

L'idée d'une forme carrée dans le prolongement de la baie vitrée ne me donnait absolument pas satisfaction dans ce cadre-ci, ce qui en fit une option "B" à éviter coûte que coûte.

Finalement j'aurai opté rapidement pour un concept qui s'avéra être un très beau défi de conception et d'exécution d'ouvrage : une évocation de la Merkabah (deux tétraèdres opposés et imbriqués d'un dans l'autre, l'un orienté terre-ciel, l'autre orienté ciel-terre) appliqué à la terrasse en question.

Ce qui devait naître à cet instant naquit : un artefact faisant appel à des notions de géobiologie, de symbolisme et aux proportions sacrées, né de nos deux imaginaires et domaines de compétences complémentaires.


Je pris donc mon camarade comme associé (comme souvent il nous arrivait de collaborer) sur ce chantier et le weekend suivant nous partîmes sonder les lieux, l'un au moyen d'un pendule, l'autre de baguettes de laiton, cartographiant chacun les réactions rencontrées et les interprétations que nous pouvions leur donner.

Au terme de cette prospection, nous avons pu comparer des résultats suffisamment proches pour nous conforter sur la voie choisie.

D'ailleurs, lorsque nous avons présenté nos résultats au client, il nous confirma qu'un géobiologue, passé préalablement à la construction du bâtiment, avait produit les mêmes observations que nous.

Au final, ces observations conditionnèrent la pose d'un banc de méditation et d'ancrage réalisé en pierres naturelles, d'un rocher isolé, la plantation d'un bel et grand Eucalyptus gunii, l'emplacement d'un point d'eau, et certaines lignes courbes de ce qui deviendrait un jour le jardin du Centre Synergie.

Nous parvînmes rapidement à présenter un projet chiffré et le client nous passa commande

pour le premier lot : la terrasse-artefact en Mélèze évoquant la Merkabah.


J'aime à préciser que pas un gramme de ciment ou de chaux n'a été utilisé pour réaliser les éléments de support, qui ont tous été réalisés dans un ordre cardinal précis, au moyen de lourdes roches enfoncées dans le sol, reposant sur une épaisse couche de stabilisé.

C'est sur ces 7 roches provenant d'une carrière pyrénéenne, qu'est fixée l'ossature de cette terrasse.


Je vous laisse le soin de la découvrir, ainsi que le jardin que j'ai conçu à l'époque et qui, depuis, l'entoure.

 
 
 

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