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Une approche de la taille

  • Photo du rédacteur: Christopher Sebaoun
    Christopher Sebaoun
  • 28 févr. 2019
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 mars 2019


Pourquoi taille-t-on un végétal ? Parce que "ça lui fait du bien", ou "il en a besoin" ?

Ma réponse est invariablement non. Les humains taillent les plantes pour qu'elles satisfassent à leurs exigences : parce que telle branche encombre le passage, pour obtenir une floraison plus abondante, ou pour la prolonger, parce que nous voulons produire des fruits plus gros, moins nombreux, ou encore pour orienter sa pousse vers une forme qui correspond à une envie humaine.


En ce sens la discipline du Niwaki par exemple, qui nous vient du japon, tend à vouloir exprimer l'essence du végétal dans sa forme la plus épurée.

Voici une approche intéressante, qui s'apparente à une forme de pensée artistique et philosophique requérant une observation attentive et une analyse physiologique de la croissance du végétal.


En Occident - et tout particulièrement en France - nombre d'entre nous sont encore adeptes des formes "topiaires" très compactes, souvent géométriques, rendues possibles par la taille systématique et répétitive de tous les nouveaux rameaux dès leur apparition et la contrainte des branches au moyen de structures métalliques, attachés que nous sommes à la pensée Cartésienne et à l'héritage de Le Nôtre.


C'est sans doute le jardin des romantiques, dit "à l'anglaise" qui, finalement, se nourrit de l'expression la plus exhaustive de l'être végétal : on le laisse s'épanouir et si l'on intervient c'est par de petites touches, afin de dégager un espace de lumière pour une plante plus basse, ou pour rectifier un développement disharmonieux.

On peut ainsi maintenir une haie sans intervenir autrement qu'au moyen d'un passage rapide au sécateur, ce qui permet de conserver au végétal à la fois un port naturel et un volume contenu. Une fois mise en place, cette gestion est moins pénible et moins chronophage qu'une taille compacte réalisée à l'aveugle (celles qui sont réalisées au taille-haie ou, dans de meilleurs cas, à la cisaille), elle permet une repousse plus harmonieuse, les plaies, plus nettes, favorisent une meilleure cicatrisation et limitent ainsi les risques de contamination du végétal par des agents pathogènes.


Cependant il est un motif de taille qui ne trouve aucune justification valable à mes yeux et que l'on rencontre encore trop souvent : le motif de la peur.

La peur irrationnelle qu'un arbre ne s'abatte ou ne perde une branche parce qu'il atteint... ni plus ni moins que ses dimensions physiologiques normales, conduit souvent la main de l'homme à commettre l'irréparable : une taille drastique, on dit aussi à juste titre une amputation des charpentières. On voit parfois même un tronc nu sans houppier, sans couronne, sans moignon, et pourtant bien loin du modèle épuré que représente le Niwaki, sur lequel des ramifications maladives devront se débrouiller d'apparaître au printemps, offrant généralement le parfait refuge pour les prédateurs de l'espèce en question.

Ces mutilations occasionnent la formation de "têtes de chat", ces boules difformes qui apparaissent au bout des moignons que l'on rase systématiquement tous les ans.

L'arbre, traumatisé par l'ablation de ses organes que sont les branches, dans lesquelles circulent les sèves, les sucs, les hormones, dans lesquelles se constituent les tissus organiques, se met à stocker des réserves dans ces terminaisons qui lui sont imposées et contrairement aux idées reçues, il ne pousse pas "moins vite" l'année suivante.

C'est même tout le contraire : les moignons, alimentés par un conséquent volume de sève, "explosent" littéralement au printemps, formant de nombreuses tiges érigées et un nombre encore beaucoup plus important de petites tiges dégénérées, chétives et souvent difformes. Ainsi les agents pathogènes peuvent s'installer durablement et la forme compacte qui résulte de cette pousse anarchique et vigoureuse offre une prise au vent que n'avaient pas auparavant les longues charpentières solides et élancées, réparties dans une savante recherche d'optimisation de la captation solaire...



 
 
 

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